RADIOS ALTERNATIVES (2/7)
Une radio libre comme l'air
Pas de pub sur ses ondes: Radio Air Libre tient trop à son indépendance. |
Petit cartable sous le bras, l'animateur de «Tout va bien» débarque dans le studio de Radio Air Libre. Il s'apprête à occuper l'antenne pendant deux heures avec son magazine socio-économico-politique, tout en assurant la technique. Car ici, on fait tout soi-même. Pas de permanent, pas de hiérarchie. Pas de financement extérieur. Comme les autres animateurs, ce professeur retraité verse 15 EUR de cotisation chaque mois. C'est là la ressource principale de cette radio bruxelloise 100pc bénévole. «On tourne avec un total de 1000 EUR par mois», explique Michael Tolley, un des administrateurs de l'asbl. «Cet autofinancement nous permet d'être entièrement indépendants et libres. On n'a de comptes à rendre à personne. Et on s'est toujours battu pour cela. Depuis le début.» |
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PHOTO : PAULINE BEUGNIES |
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Une voix différente Le début, c'est en 1980. Ce média socioculturel est alors lancé «pour celles et ceux qui trouvent trop souvent porte close dans les médias traditionnels». Sa ligne de conduite: faire entendre une «voix différente dans la jungle des ondes». Depuis, la radio n'a pas fort changé, selon M.Tolley. «Et on a fait partie des cinq premières radios reconnues officiellement par la Communauté française. Ce qui a aidé à consolider notre fréquence et à résister à la surenchère de puissance à laquelle se livraient les autres radios.» Mais rien n'est jamais acquis: en juin dernier, la fréquence 87.7 Mhz a été squattée par d'autres. «Mais ils ont dû faire marche arrière: leur standard téléphonique a été saturé immédiatement, car nous avons une grande capacité de mobilisation!» Il faut dire que Radio Air Libre compte une quarantaine de motivés pour ses émissions. Audience inconnue Tout ce petit monde, très hétéroclite, se croise dans l'ancien rez commercial de la chaussée d'Alsemberg à Forest. Le style est dépouillé. Murs quasi nus, une table, des chaises, des casiers. Et dans le fond, un petit studio. «On a dû le déplacer là, car le bruit dérangeait le voisin du dessus.» Et pour cause: c'est surtout le soir que se déroulent les émissions, d'une diversité étonnante (lire ci-dessus). Comment se fait le choix de ces programmes? «Tout projet est présenté devant le conseil de gestion (ouvert à tous les membres). On regarde s'il concorde avec notre ligne qui est plutôt progressiste, de gauche. Et puis on fait trois mois d'essai», explique Michael Tolley. En précisant qu'il ne court pas après les nouvelles émissions. L'audimat, d'ailleurs, Radio Air Libre s'en moque. Et quand il n'y a personne derrière le micro? Musique, mais pas n'importe laquelle. Le hit parade est proscrit. Pas de «commercial», mais bien des chansons qui «portent un message intéressant». Et écouter ça, c'est vraiment débarquer sur une autre planète. |
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